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Escale
Les Samoa, petit paradis aux prises avec le plastique
L'escale en quelques chiffres
12 douzième escale
78 enfants reçus à bord
118 invités officiels
Apia Novembre 2018

Le coeur de la Polynésie

La 12ème escale de la Race for Water Odyssée a conduit notre catamaran et son équipage aux îles Samoa. Sept jours de partage et d’échanges multiples encore une fois, dont témoigne Anne-Laure le Duff, second Capitaine.

« Ce pays composé de deux îles principales et 7 secondaires synthétise à lui seul les enjeux environnementaux auxquels sont confrontés les communautés des îles du Pacifique. Entre modernisation et tradition, cette escale nous laisse un souvenir marquant d’humanité et illustre parfaitement l’éternel problème de la faible valeur marchande du PET. Un non-sens pour nos sociétés accros au plastique.

La semaine débute par l’accueil des classes de Vaiala Beach School. Moment marquant et rempli d’espoir, les visites de scolaires sont une chance unique de partager le lien intrinsèque nous unissant à l’océan. Une agréable surprise nous attend, ils maitrisent parfaitement la règle des 5 « R » ! Sans hésiter ils donnent des exemples pour chacun d’entre eux : Réutiliser, Refuser, Renoncer, Réduire et Recycler. C’est une remarquable entrée en matière et cela donne une belle énergie pour la suite, suite qui nous laissera parfois pantois…

La seconde partie de l’escale concerne le volet ACT, la collecte de contacts et de données sur la situation en matière de déchets plastiques. Quel est le volume, existe-t-il le tri sélectif, une chaîne de recyclage ? Avec Peter et Eric nous voilà partis à la pêche aux infos. Je ne vais pas ici faire l’énumération de tous les chiffres glanés, seulement certains plus « percutants » que d’autres. 

Sur les 17 tonnes/jour de déchets plastiques générés par les Samoa, 6 tonnes finissent dans les océans faute d’infrastructure. Depuis 2011 une hausse rapide de la consommation de ce matériau est constatée. Une des principales raisons : l’occidentalisation du mode de vie. Les citoyens abandonnent progressivement les plats en feuilles de bananiers et les sacs tressés en pandanus au profit du fantastique plastique. Une chose en amenant une autre les normes phytosanitaires imposent le suremballage alimentaire. Dans une culture où l’on se retrouve tous les dimanches autour d’un festin, où le calendrier des célébrations communautaires et religieuses est bien rempli, il est aisé d’imaginer les quantités de plastique s’amoncelant dans les poubelles des maisons.

Véritable fléau, le plastique est une des préoccupations majeures du gouvernement. Un programme d’éducation à l’environnement est mis sur pied et nous avons pu observer son efficacité sur la jeune  génération. Les sites privés de tri et de recyclage ainsi que la collecte des déchets sont efficaces pour les matériaux tels que l’aluminium, les métaux, les déchets électroniques mais l’absence de valeur marchande du PET fait qu’il est boudé. Il se retrouve alors enfoui dans la décharge principale de l’île au grand dam des locaux.

Monsieur Setoa, notre interlocuteur au sein du Ministère de l’Environnement, met en avant les régulations en cours. Dès le 31 janvier 2019 les sacs plastiques, pailles et couverts jetables ne seront plus les bienvenus sur ces îles. Fait rare, le polystyrène alimentaire sera banni lui aussi à partir de 2020. Ces deux mesures sont d’ores et déjà votées.  

D’autres études sont en cours pour endiguer le phénomène « plastique », un impôt sur l’importation servirait à financer le recyclage, la recherche d’alternatives aux bouteilles en plastique, une concertation avec les autres îles du Pacifique pour une gestion plus efficace des déchets, la mise en place d’une consigne pour le PET.  Une récente étude scientifique menée par 4 pays dans la zone du Pacifique Sud a révélé une réalité effarante, 97% des poissons prélevés contenaient des microparticules de plastiques dans leur contenu stomacal. Une excellente raison pour ces îles, dont la pêche est la principale ressource alimentaire et le principal revenu, de réagir au plus vite et au mieux à la dégradation de leur milieu.

Les Samoa ont pris la COP 21 au pied de la lettre, l’objectif : d’ici 2025 l’énergie des îles sera 100% renouvelable. La part actuelle des énergies vertes est de 50%, la majeure partie provient de l’hydroélectricité, le solaire vient en complément.  La tâche est ardue et il y a urgence. L’isolement géographique, la difficulté d’atteindre la masse suffisante de déchets plastiques pour pouvoir l’exporter, le coût élevé de la prise en charge des communautés dispersées sont autant de défis que les peuples du Pacifique doivent relever. Riches de leur tradition communautaire, ils travaillent ensemble pour trouver des solutions adaptées à leur territoire.  

En 1992 un organisme voit le jour le SPREP : Secretariat of the Pacific Regional Environment Programme, basé aux Samoa. Il rassemble des représentants de 21 pays du Pacifique Sud, regroupant 30 000 îles, et de 5 pays métropolitains dont la France. Cet organisme hors normes a plusieurs rôles : celui de centraliser les moyens et les volontés, de conseiller sur les actions à entreprendre mais il est avant tout un porte-parole de taille des îliens en matière d’environnement. Quatre axes majeurs composent le squelette du SPREP : la gestion de la biodiversité et des écosystèmes, la résistance contre le changement climatique, la gestion des déchets et le contrôle de la pollution, la surveillance et la gouvernance environnementale.

Nous avons été impressionnés par l’engagement de certains, l’équipe de Samoa Voyaging Society et leur pirogue traditionnelle nommée Gaualofa, ambassadrice de la protection des océans. D’Anthony Talouli et Kosi Latu respectivement Conseiller Pollution et Directeur Général du SPREP dont le travail est primordial et immense, les différents patrons et employés des sites de tri-recyclage qui n’attendent qu’une chose, que le plastique rapporte et cesse de polluer leurs îles.

Nous avons vécu au plus près cet esprit communautaire et nous avons la sensation d’avoir basculé dans un autre Pacifique. Ces îles éparses en réalité ne font qu’une et ses peuples forment une grande famille. Sept jours pour rencontrer, échanger et prendre la pleine mesure du mot « Ensemble ». Une escale inspirante et humainement motivante. » 

En vidéo :

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