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Le changement peine à se mettre en place.
Odyssée 3 mai 2019

Les îles Salomon saturées de plastique.

Amarré devant la capitale de Honiara, Race for Water a passé 7 jours (23 au 30 avril) aux îles Salomon, dans un contexte insurrectionnel lié aux résultats de l’élection du Premier Ministre ; en effet, des émeutes et des pillages ont accueilli les résultats du vote, le candidat élu étant connu pour son penchant pour la corruption.

Malgré cette situation peu confortable, le programme des représentants de la Fondation a pu se dérouler avec près de 111 personnes accueillies : scolaires et représentant des entités en charge de la gestion des déchets.

Le constat : si les rues sont saturées de plastiques et que le changement peine à se mettre en place, des initiatives individuelles, associatives ou communautaires voient le jour. La prise de conscience de la population est de plus en plus importante et ici, comme au Vanuatu, nous pouvons imaginer que le changement viendra des citoyens.

Les îles Salomon

Les îles Salomon forment un vaste archipel étendu à l’est de la Papouasie Nouvelle Guinée. Il s’étire sur 1 400 kilomètres de long et sur 800 kilomètres de large. Ses îles, continentales, coralliennes ou volcaniques sont au nombre de 992, et 147 d’entre elles sont inhabitées. Le paysage se partage entre un camaïeu de vert et de bleu. Les forêts denses recouvrent 80% du territoire et abritent 4 500 espèces de plantes et 173 espèces d’oiseaux dont le fameux mégapode. A leurs pieds, les atolls et falaises volcaniques abritent crocodiles de mer, tortues, dugongs et une espèce endémique de serpent de mer.

La population, mélanésienne vit principalement de l’agriculture et de la pêche. L’exploitation forestière et minière est aussi une source d’emploi.

Fraîchement indépendant (1978), le pays fait partie du Commonwealth et reconnait la Reine d’Angleterre comme chef d’état. A Honiara, la capitale, l’élection du premier ministre a eu lieu la semaine dernière. Des émeutes et pillages ont accueilli les résultats du vote, car le candidat élu est connu pour son penchant pour la corruption.

L’éparpillement géographique et humain fait qu’il est difficile pour ce petit et jeune état de s’affirmer comme entité politique stable et viable. Néanmoins, avec l’aide de pays voisins, il est sur la bonne voie.

Avant il y avait le biodégradable…

Nous avons jeté l’ancre à Honiara, devant le yacht club. L’eau est claire, des poissons multicolores batifolent sous le bateau. Nous sommes loin d’imaginer qu’à une centaine de mètres de là, le plastique est roi.

Sur la plage, les coquillages sont mélangés à des dizaines de déchets plastiques. Le ruisseau qui semble être une pouponnière à poissons est rempli de bouteilles, sacs, emballages…

Dans les rues, le déchet plastique est partout. Nous rencontrons peu de poubelles et, lorsque nous en croisons une, il y a deux options : soit elle est remplie à ras bord, soit elle est à moitié vide et entourée de déchets…

Farlaii, candidate à la municipalité de Honiara, nous explique la situation : « Avant les aliments étaient emballés avec un matériau végétal (pandanus, coco, feuille de bananier), les gens consommaient et jetaient ce matériau végétal. A l’arrivée du plastique, l’habitude de jeter est restée. »

David, membre du ministère de la pêche et en charge de la sensibilisation des communautés rajoute : « Il existe des programmes nationaux d’éducation et de sensibilisation à l’environnement. Mais il y a un manque de moyen et de suivi. Il faudrait plus de rigueur de la part du gouvernement pour que la population se sente réellement concernée par le ramassage et le tri des déchets. »

Comme partout, l’importation croissante de produits plastiques et l’uniformisation du mode de vie submerge la décharge du pays. Le système de collecte mis en place n’est malheureusement pas à la hauteur des besoins et le tri ne concerne que les matériaux dotés de valeurs marchandes tels que l’aluminium, le verre et le cuivre. Le plastique, malgré le volume important qu’il occupe dans les déchets ménagers, est le grand oublié ; il est enfoui ou brulé.

Une partie de la population salomonaise a conscience de l’envahissement de ce dernier. Des initiatives individuelles, associatives ou communautaires voient le jour. La prise de conscience de la population est de plus en plus importante et ici, comme au Vanuatu, nous pouvons imaginer que le changement viendra des citoyens.

Pour l’heure, les rues sont saturées de plastiques et le changement peine à se mettre en place.

Nous espérons que la population réagisse, que le gouvernement prenne à bras le corps la problématique des déchets car il est grand temps.

Nous laissons Honiara derrière nous, une dernière fois nous regardons ces montagnes et ces côtes magnifiques. Un jour peut-être, ici comme ailleurs le plastique disparaitra des rivières et des océans.

Merci Anne-Laure Le Duff, second capitaine, qui signe ce bilan et à Christelle Brigeot-Mathieu pour les photos.

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