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Carnet de bord #6
Vers les îles Tonga
Odyssée 5 décembre 2018

Tonga!

Eric Loizeau, ambassadeur de la Fondation, mais aussi montagnard et marin de grands talents, est embarqué à bord de Race for Water pendant 6 semaines. Il nous livre son carnet de pensées vagabondes, toujours inspirées...

Mardi 4 décembre 2018

AHHHH ! TONGA !!!! 

Belle surprise avec Martin ce matin d’apercevoir posée sur l’horizon gris ardoise, une île, confondue au premier abord avec un méchant nuage, du même acabit que ceux croisés hier pendant notre route chaotique contre ce violent vent de sud, incongru sous ces latitudes réputées paisibles.

VAVA OU est la première île du royaume des Tonga qui s’étend du Sud au Nord sur près de 500 nautiques, presque 1000 kilomètres terriens. Il existe en effet un roi aux Tonga, croyez-moi ! Je l’imagine assis sur un trône fait de palmes de bananiers, entourées de vahinés opulentes aux chevelures de jais, coiffé d’une tiare écarlate de fleurs d’hibiscus. Son sceptre est un trident car régnant sur les océans il se prétend demi-frère du dieu Neptune. 

A l’approche des îles une « baleine pilote » d’obédience britannique (nommée « globicéphale » par les français), est venue, curieuse, pointer son museau arrondi, probablement fort intriguée par notre monture bizarre. Je le prends comme un heureux présage.

En effet, cette nuit, j’avais fait un rêve étrange… Il n’y avait plus d’océans, la mer s’était retirée suite à ce réchauffement climatique nié pendant des années et notre bateau s’était mué en vaisseau galactique qui se glissait entre des sommets immenses de plus de 10 000 mètres, empruntant des cols aériens, survolant des vallées invisibles dépourvues de tout habitant. Baleines, dauphins, requins, espadons, même les thons, tous les habitants des océans s’étaient évaporés dans l’atmosphère, seuls restaient quelques oiseaux de mer faméliques qui nous tournaient autour l’œil acéré dans l’espoir d’obtenir quelque maigre pitance. Heureusement, au réveil, la réalité est tout autre. Ce matin, à l’instar des enfants du Capitaine Grant, nous touchons à un archipel mystérieux aux falaises austères abritant sûrement des indigènes suspicieux…. A mesure de notre approche silencieuse, les détails de la côte se précisent, quelques rares plages de sable blanc enchâssées dans une végétation dense et verticale, au pied de falaises émeraudes élevées d’une bonne centaine de mètres. Nous avons beau scruter les alentours de toutes nos jumelles, aucune trace d’habitations, aucune fumée s’élevant dans l’azur trahissant quelque foyer. Au premier abord, cette île nous parait inhabitée.

Nous pénétrons alors prudemment dans un dédale d’îlots de verdure, sanglés sur des socles de calcaire rongés par les flots. C’est magnifique. Notre capitaine décide de stopper les machines un morceau de temps afin de virer notre annexe à la mer et permettre à Peter de capter quelques images de notre bateau insolite évoluant dans cet environnement d’une pure merveille. Dans un abime de végétation entouré de palmiers sauvages et de bananiers cultivés brillent les toits de quelques maisons autour du clocher immaculé d’une église. Enfin un village au sein de ce paradis ! Plus loin, au détour d’une baie cerclée de corail apparaissent quelques maisons altières montées sur pilotis. On se dit qu’il doit être agréable de vivre ici loin des tumultes de la civilisation moderne. Ont-ils seulement l’électricité et la télévision ? Une minuscule barque de pêche passe au large, imperturbable, habitée de deux parasols jaune et rose. C’est ici le seul signe de vie qu’il nous sera donné de recevoir. 

Nous reprenons alors notre route vers le sud et d’autres aventures, chassés de cet Eden pacifique comme des intrus par un grain noir chargé de pluie qui assombrit l’archipel et en masque les sommets. 

 

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