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L'ère du plastique aura-t-elle une fin?
Fondation 7 décembre 2022

Retour sur la première réunion intergouvernementale contre les plastiques

C’est à Punta del Este en Uruguay que s’est tenue la première réunion du comité de négociation intergouvernementale sur les plastiques. Ce comité a été convoqué par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement en février dernier avec comme objectif de mettre en place en deux ans l’un des instruments environnementaux les plus importants de l’histoire : un traité mondial juridiquement contraignant contre la pollution des plastiques, y compris dans l’environnement marin. 

Plusieurs thèmes majeurs de cette crise environnementale, portés par les acteurs de la société civile, ont été rappelés par un nombre croissant d’États Membres dans leurs déclarations :  

  • le besoin de considérer l’ensemble des impacts du plastique tout au long de son cycle de vie en commençant dès l’extraction des matières premières ;   
  • la nécessaire réduction de la production du plastique ; 
  • l’élimination des substances toxiques et les besoins de transparence dans la composition des plastiques ; 
  • l’élaboration de standards internationaux dans le design des plastiques ; 
  • la mise en place du principe du pollueur-payeur afin de déplacer les coûts des externalités causées par la pollution plastique, actuellement payés par la société, vers les compagnies responsables de cette pollution ; 
  • le besoin d’un support technique et financier pour les pays du sud ; 
  • la nécessité d’une transition juste et inclusives pour les communautés les plus impactées par la pollution plastique (travailleurs, femmes, enfants, communautés pauvres) avec notamment l’implication des collecteurs informels de déchets (communauté de travailleurs qui représente 20 millions de personnes dans le monde) dans les prochaines négociations du comité.  

Les ambitions les plus hautes sont, sans surprise, portées par certains des pays les plus impactés par la crise plastique : plusieurs États d’Amérique Latine, des Caraïbes, d’Afrique et les Petits États Insulaires du Pacifique. Ils sont soutenus sur de nombreux points par l’Union Européenne, et d’autres pays du Nord comme la Norvège et la Suisse. Mais ils font face aux positions des principaux pays producteurs de pétrole, de plastiques et autres additifs chimiques, qui cherchent à réduire ce traité à des engagements volontaires, à des plans d’actions nationaux, portant essentiellement sur la fin de vie des plastiques. C’est le cas de pays comme les États-Unis, les pays du Golfe, la Russie, la Chine et dans une certaine mesure le Japon.

Cette semaine devait être principalement consacrée à des éléments de forme plutôt que de fond, comme l’élection du bureau ainsi que les règles de procédure. Aucun des deux points n’a pu être complètement finalisé, ils sont donc reportés au prochain tour de négociation. Il s’agit pourtant de points cruciaux comme le mode de prise de décision qui est actuellement bloqué par des États qui souhaitent fonctionner par consensus. Ce modèle a montré ses limites dans les accords sur le climat alors qu’un vote à la majorité permettrait d’empêcher quelques pays à bloquer des positions soutenues par le plus grand nombre. Reste également à éclaircir certaines zones d’ombre quant à la participation des parties prenantes non gouvernementales dans les futures négociations. La participation de tous les acteurs de la société civile doit être garantie. Elle est primordiale afin que les scientifiques, les représentants des travailleurs, des femmes, des jeunes, des autorités locales, les ONG, mais également les peuples indigènes puissent apporter leurs connaissances fondamentales pour avancer dans la bonne direction. En revanche, les gros pollueurs industriels sont pour leur part bien installés et parfois même cachés sous le label « ONG ». Des voix se sont élevées pour exclure au minimum les entreprises de la pétrochimie des négociations, afin qu’un accord plus solide puisse en découler. Cela avait été fait pour les accords contre le tabac durant lesquelles les marques de cigarettes n’avaient pas pu prendre part aux échanges. 

Rendez-vous en mai 2023 à Paris, pour le second tour des négociations qui, nous l’espérons, permettra enfin de rentrer au cœur des débats sur le contenu du traité. Aux vues du désastre actuellement causé par notre addiction au plastique, ce traité se doit d’être ambitieux, de fixer des objectifs contraignants, et mettre au centre des décisions la protection de la santé humaine et environnementale ainsi que la justice sociale. 

 

 

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