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Odyssée 5 juillet 2019

Exportation illégale de plastiques en Indonésie : un scandale !

Affligeant ! Le mot n’est pas assez fort pour dénoncer ce qu’a découvert l’équipe Act de Race for Water à l’Est de l’île de Java.

Le village de Bangun, situé à une heure du grand port de commerce de Surabaya, est littéralement recouvert de déchets plastiques arrivés illégalement de l’étranger. Boites de cacao américaines, briques de jus français, emballage de fromage irlandais, sacs plastiques australiens, sachets grecques, et autres déchets plastiques trop chers à trier et souvent impossibles à recycler dans leurs pays d’origine, s’accumulent en monticules dans ce village depuis une trentaine d’années.

Pourtant l’importation de déchets ménagers n’est pas légale en Indonésie. 54 pays enfreignent donc la loi par des moyens bien rodés qui ont permis la mise en place de toute une économie locale. Mais à quel coût pour les populations locales et l’environnement ?

L’Indonésie manque de cellulose pour la fabrication de papier. Elle importe donc du papier et du carton usagés de l’étranger. Les usines papetières se sont dès les années 70, retrouvées avec des déchets clandestins volontairement cachés dans les containers. Renvoyer la marchandise, ou intenter une action en justice n’était pas pensable économiquement. Elles se sont donc mises à trier les déchets pour ne récupérer que la cellulose. Elles se débarrassaient du reste directement dans la rivière adjacente. Dans les années 80, les habitants du village de Bangun ont décidé de les récupérer pour en tirer le maximum de valeur.

Pour se donner une idée de l’accélération du phénomène, dans les années 70, la principale usine du coin était pourvue d’une unique ligne de tri. Aujourd’hui elle en aurait 7. Chaque année, les 12 producteurs de papier de la région de Java Est importeraient officiellement 700 000 tonnes de papier. 30 à 40% seraient en fait du plastique.

Les déchets mélangés sont broyés, nettoyés et triés par bains successifs dans les usines papetières. La cellulose, ainsi que les déchets ayant le plus de valeurs sont récupérés et revendus. Le reste est livré en petit morceaux encore dégoulinant dans trois villages dont celui que nous avons pu visiter.

Les camions déversent la « marchandise » gratuitement sur un énorme terrain central où n’importe quel habitant peut venir se servir. Certains préfèrent payer et se faire livrer à domicile des lots soi-disant plus intéressants.

Le travail de fourmis peut alors commencer. A la main, assis dans les tas d’immondices quasi exclusivement occidentales, les habitants (souvent les femmes, les enfants et les personnes âgées) cherchent le graal : des plastiques encore entiers, ou des morceaux suffisamment grands pour être revendus aux entreprises de recyclage de la région. Ils leur arrivent parfois de trouver des billets étrangers ou des bijoux, et là c’est jour de fête !

Pour le reste, et l’on parle de la majorité des déchets épandus sur d’anciennes rizières, c’est la cerise sur le gâteau. Il est vendu en vrac aux entreprises de tofu pour alimenter leur four et faire bouillir le soja. Le plastique, accessible à très faible coût, a ainsi naturellement remplacé le bois comme combustible il y a 25 ans.

Économiquement tout le monde y trouve son compte. Les anciens paysans préfèrent la garantie d’un revenu quotidien que leur apporte le métier de collecteurs de déchets, aux aléas climatiques et à la saisonnalité du travail dans les rizières. L’industrie du tofu subsiste grâce à un combustible à bas coût, lui permettant d’importer du soja des USA (hic!) ou de Chine, la graine locale n’étant pas assez laiteuse.

Mais les émissions toxiques, illustrées par les fumées noires qui sortent des chaudrons, peu de monde s’en préoccupe, encore moins les expéditeurs hors-la-loi qui sont sans doute plus préoccupés par leurs statistiques nationales de recyclage ou leurs objectifs de réduire l’enfouissement dans leurs pays.

En attendant l’Indonésie, tout comme plusieurs pays asiatiques et africains qui récupèrent nos déchets non recyclables, croulent déjà sous les leurs. Pourtant cette main d’œuvre travailleuse et efficace, pourrait s’occuper des déchets locaux et réduire notoirement les quantités qui se déversent quotidiennement dans les océans principalement par manque d’infrastructures de gestion des déchets. Nous les récupérons en micro plastiques dans nos assiettes. La faute à qui ?

#EtSiChacunGéraitSesDéchetsChezLui #TousResponsables

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