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Odyssée 17 octobre 2018

Je suis un déchet à Tahiti, voilà mon histoire.

En 2017, 52000 tonnes de déchets ont été enfouis au centre d’enfouissement technique de Paihoro. Un chiffre qui a bien baissé depuis le pic atteint en 2007 avec 77500 tonnes. Cette baisse est une bonne nouvelle, même si elle n’est pas suffisante. En effet, le site atteindra ses limites de capacité dans quelques années. Il est donc crucial de réduire la production de déchets. Si les capacités enfouies ont baissé, c’est notamment parce que les déchets triés et envoyés au recyclage ont eux augmenté grâce à l’effort de certaines municipalités, d’organiser la collecte sélective et aux citoyens qui font l’effort du tri.

Pour mettre à l’honneur ces efforts, voici l’histoire de quelques déchets traités sur l’île la plus peuplée de Polynésie.

Un déchet vert … j’arrive des nombreux jardins que les particuliers cultivent avec grand soin et qui sont très productifs. On me retrouve donc en quantité très importante. Je suis déposé au centre des déchets verts afin que les équipes d’Aurélien de la société Technival, s’occupent de moi : je passe dans une machine à broyer avant d’être mis en tas et arrosé fréquemment pour ne pas provoquer trop de poussière et gêner les riverains. Mon devenir ? Je suis transformé en compost et réutilisé sur Tahiti ou même envoyer sur les îles plus lointaines afin de les aider à faire pousser des produits maraichers. Je permets ainsi de nourrir les sols et améliore la qualité du produit fini.


Déchet hospitalier
… Poches de sang, seringues ou pansements je suis transporté en poubelles adaptées jusqu’au centre de traitement opéré par Technival. Inséré dans un broyeur, je suis concassé en petit fragment avant d’être passé dans un tube micro-onde où sont éliminés tous les virus et autres bactéries… Je ressors dans un grand bac sous forme fragmentée et suis alors considéré comme un déchet ménager non contaminé. 


Eaux usées
… Tous les bâtiments construits à Papeete ne sont pas raccordés au réseau commun de traitement des eaux usées. Nombreux sont les immeubles qui ont donc leur propre station d’épuration. Celui qui s’occupe de mon cas fonctionne grâce à la technologie bio-disque. Les disques partiellement immergés dans l’effluent à traiter sont animés d’un mouvement de rotation pour assurer à la fois la mise en contact des bactéries avec l’effluent, leur oxygénation et le mélange. En phase immergée du cycle de rotation des disques, la biomasse fixée prélève les matières organiques dans les eaux usées puis les digère et les dégrade. La phase émergée du cycle des disques permet aux bactéries de respirer. Les boues excédentaires ou mortes, se retrouvent dans les eaux épurées, dont elles sont séparées puis collectées via une étape de clarification. Au final, je ressors transparent comme de l’eau avec un niveau de propreté équivalent aux eaux de baignades.

Déchet ménager recyclable… Après avoir été trié chez les particuliers pour me mettre dans la poubelle verte avec l’ensemble des déchets recyclables, des camions viennent nous récupérer. J’arrive chez Enviropol où l’on nous place sur une grande rampe qui nous emmène sur la chaine de triage. Différentes mains nous sélectionnent afin de nous mettre dans le bon bac bien trié par type de déchet (carton magazine, bouteille en plastique, emballage en plastique dur, aluminium, fer etc…). Les bacs sont vidés chacun à leur tour pour être compacté et envoyé à l’étranger afin d’être vendu sur le marché international du recyclage.

 

Si j’ai la chance de vivre une autre vie et d’être à nouveau utile, c’est que je me situe dans des communes qui ont organisé la collecte sélective essentielle au recyclage des déchets et que la population joue bien le jeu. Malheureusement, encore de très nombreux congénères n’ont pas cette chance. S’ils ne sont pas triés, ils finissent enterrés dans un centre d’enfouissement technique ou pire dans un dépotoir sans qu’un quelconque système ne soit mis en place pour s’assurer que le dit déchet ne pollue les sous-sols, et les océans. Certains sont même directement abandonnés ou jetés dans la nature mettant tout un écosystème en péril.

Tout cela demande des moyens certes ; mais surtout une volonté de la part des hommes dont ceux qui ont obtenu le pouvoir, de décider…. A bon entendeur !

Les équipes de la Fondation tiennent à remercier chaleureusement pour leur accueil fantastique et leur franchise les dirigeants des sociétés TSP (collecte des déchets), Technival (valorisation des déchets verts) et Enviropol (métier des traitements) qui nous ont ouvert les portes de leurs entreprises.

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