Retour dans l’hémisphère nord
Dimanche dernier à 1h30 du matin, Race for Water a franchi le fameux parallèle, la ligne imaginaire tracée autour de la Terre, à mi-chemin de ses pôles, marquant la séparation entre l'hémisphère nord et l'hémisphère sud : l’Equateur bien sûr !
Le catamaran à propulsion mixte est entré dans l’hémisphère sud lors de sa descente vers le Pérou, le 6 mars 2018 et en est donc sorti hier, dimanche 11 août 2019, en pleine nuit, à 1h30 local ! « Trois coups de corne de brume, histoire de réveiller tout le monde, surtout Margaux qui n’avait encore jamais franchi l’Equateur ! » témoigne Anne Le Chantoux.
Quelques heures plus tard, nous parvient le récit de Margaux Chalas, fraichement bizutée…
« Here we are ! Nous y voilà !
Enfin, la fameuse, la mythique, l’invisible, la symbolique, celle dont on ne doit pas prononcer le nom, le coup de couteau dans la grosse pomme, la ligne temporelle, le début de la fin ou la fin du début : l’Equateur. Pour ma première fois en tant que petit marin, j’en aurai vu les deux côtés…
11 Août. Il est 1h30 du matin à bord. Annabelle est de quart, personne n’a donc de raison d’être debout à part elle. Le trafic est parfois soutenu lorsque nous traversons un rail commercial, puis, relativement calme lorsque nous en sommes sortis. Je suis réveillée en sursaut pas la corne de brume, sonnée trois fois.
Je me demande si je n’ai pas rêvé. Voilà que ça recommence. Je vais voir. Les voix de mes collègues me parviennent depuis la passerelle, tout le monde est levé ? Etrange …
Un navire nous fonce dessus ? Drôle de façon de chasser les oiseaux imaginaires qui s’agglutinent sur les panneaux… Un exercice peut être ? Je monte, les yeux encore laiteux du sommeil profond dans lequel je me trouvais quelques secondes plus tôt.
L’équipe est là, au complet. François, Martin, Annabelle et Anne sont tout sourire, caméra en marche, et extrêmement contents d’eux. Je comprends alors qu’on y est, on l’a franchi. C’est vrai que je suis la seule de l’équipage à ne pas l’avoir vécu, Neptune se doit donc d’immortaliser ce moment !
Merci de m’avoir permis de voir ça de mes yeux, je me sens déjà rajeunir, je crois que je remonte le temps, ou bien est-ce le contraire ? Pas d’importance, je peux cocher cette case de ma liste personnelle et me rendormir tranquille.
Pour le reste, la navigation jusqu’en Malaisie se passe calmement ; le kite déploie son aile dès que possible, et tel un majestueux oiseau des mers, nous emmène toujours plus loin.
Fait remarquable à mon goût, pour la première fois depuis que je navigue, nous sommes loin des côtes et pourtant la profondeur et la température de l’eau sont équivalentes. Je m’en fais la réflexion parce que généralement (Antilles, Pacifique …) lorsque nous nous éloignons des côtes, la profondeur n’affiche plus rien au sondeur car trop élevée, et seules les cartes nous informent que nous pouvons compter en milliers de mètres. Ce n’est pas le cas ici, les deux valeurs affichent en ce moment 33 ! Je ne sais pas si c’est la température de l’eau ou le peu de fond sous nos safrans qui me fait le plus tiquer. A vous d’en juger… »
Texte et photos : Margaux Chalas